« Osons l’inclusion, osons vivre ensemble » par Nolwenn Kebe
Nous clôturons notre série d'articles consacrés à l'inclusion en crèche, par un texte de Nolwen Kebe, EJE au Canada que vous pouvez suivre sur sa page Instagram I love my EJE Job... Retrouvez également l'article de Mélina Claquin-Le Guillou sur la thématique du « Le bébé hypersensible en structure d’accueil » et celui de Marine Lima « les enfants à besoins particuliers en crèche».
Introduction
L’inclusion d’un enfant différent (atypique / en situation de handicap / à besoin particulier) est le fait de réunir, d’accepter cet enfant ou ce groupe d’enfants dans le collectif crèche. Les enfants aux besoins particuliers ont un développement différemment de ceux des enfants de leur âge. En tant que professionnel de la petite enfance, notre mission est d’accueillir l’enfant et sa famille. Il est alors capital de créer une relation de confiance, de cibler les besoins individuels, de favoriser l’autonomie et d’échanger avec les partenaires extérieurs afin d’accompagner ces jeunes enfants à son plein potentiel. L’inclusion nécessite un environnement favorable : la crèche doit s’adapter à l’enfant accueilli et non l’inverse. Inclure, c’est donner la même chance à chaque enfant.
À quoi devons-nous penser pour un accompagnement inclusif ?
1. L’inclusion : parlons aux autres enfants du groupe !
L’enfant naît avec l’empathie : celle-ci se développe ensuite au fur et à mesure que l’enfant grandit, aidé d’un adulte disponible, à l’écoute et bienveillant. À travers des jouets, des outils, des temps de rassemblement, le professionnel prend le temps d’expliquer aux enfants ce qu’est le handicap, laisse les enfants s’exprimer et poser leurs questions. Inclure l’enfant atypique en crèche, c'est l’accepter dès le plus jeune âge dans notre société. Il est donc fondamental de sensibiliser le jeune enfant dès le plus jeune âge aux différents handicaps, de l’expliquer pour qu’ils comprennent et assimilent ce qu’est la différence. Mettre des mots sur la différence, c’est miser sur un collectif plus tolérant.
2. L’inclusion : parlons familles !
Le parent est le premier éducateur de son enfant. Les soins et l’attention à apporter à un enfant atypique prennent beaucoup de place dans le quotidien des familles. Nous devons alors en avoir pleinement conscience dès les premières visites en crèche. Cela demande un ajustement de notre part, une précaution supplémentaire. Nos méthodes d’accueil seront similaires sur le fond mais accentuées dans la vigilance d’obtenir toutes les informations indispensables pour accompagner au mieux toute la famille. La direction mettra alors en place un plan d’accueil individualisé qu’elle partagera avec l’équipe. Ce document précisera les adaptations à apporter à la vie de l’enfant à la crèche. Il sera également important de ne pas négliger les temps d’échanges : les transmissions devront être précises, voire détaillées et transmises aux parents quotidiennement (et vice-versa : transmissions parents-professionnels) afin d’assurer une continuité pour les soins et dans leurs missions éducatives qualitatives. Dans notre mission, nous devons veiller à l’accompagnement et au soutien à la parentalité : observer, écouter, échanger avec le parent et garder sa porte ouverte en tout temps. Nous sommes des professionnels de la petite enfance, prendre soin du parent est aussi de notre responsabilité.
3. L’inclusion : parlons aménagement !
L’aménagement des lieux est un des facteurs essentiels pour un accompagnement de qualité de l’enfant : Il doit être sécuritaire. Le matériel, les jouets doivent être adaptés aux besoins et à l’âge des enfants accueillis. Le jeu doit intégrer le handicap. Les besoins peuvent différer en fonction du handicap, il est alors important de prendre connaissance en amont des besoins individuels du jeune enfant afin que le matériel soit sur place dès les premiers jours de l’enfant à la crèche. L’aménagement de l’espace doit être pensé et réfléchi en équipe afin que chacun (professionnels et enfants) y trouve du sens. Des aires de jeux doivent être créées avec des jouets en bon état et à hauteur d’enfants : Avec ou sans handicap, l’enfant est curieux et demande simplement à jouer pour apprendre, explorer et découvrir. D’autres espaces peuvent être créés à côté de l’aire de vie afin de permettre à l’enfant de pouvoir s’échapper de la stimulation parfois intense d’une journée en crèche. (Une salle snoezelen par exemple) Si cela n’est pas possible, un coin « calme », peut être pensé dans l’espace de vie des enfants.
4. L’inclusion : parlons professionnel diplômé !
Conseiller et accompagner les familles sont des responsabilités importantes qui doivent être prises par des professionnels qualifiés et diplômés d’état. Accompagner un jeune enfant dit différent demande des compétences et des formations complémentaires afin d’assurer une prise en charge adéquate. Soutenir les professionnels de la petite enfance à développer leurs propres compétences pour répondre aux besoins particuliers de tous ces enfants, à travers des formations, des réunions ou des analyses de pratiques sont nécessaire. Accompagner l’enfant dit différent, c’est également échanger régulièrement avec les partenaires spécialisés afin d’ajuster nos pratiques professionnelles aux évolutions de l’enfant. Plusieurs outils pourront ainsi être mis en place pour aider les professionnels : des fiches individuelles de suivi quotidiennes, des rapports d’observation, des réunions afin d’affiner notre accompagnement aux besoins réels et individuels de l’enfant. Pour finir, et pour que la prise en soin soit complète et idéale prévoir quotidiennement des temps en « un pour un » avec l’enfant : un accompagnement individualisé permettra à l’enfant de progresser, de se sentir valorisé et gagnera ainsi en estime de lui.
5. L’inclusion : parlons financement !
Pour bien inclure : il est nécessaire d’être équitable. Il faut alors investir dans la structure, dans du matériel ou des outils éducatifs adaptés. Dans les structures petite enfance, il est possible d’obtenir une aide financière complémentaire du gouvernement sous forme de subventions qui prévoit ces besoins particuliers au meilleur accueil inclusif. Ces aides financières sont dédiées à la structure par le biais des collectivités ou de groupes privés pour pouvoir acheter du matériel adapté à ces enfants. En réalité et pour diverses raisons, il peut être long et difficile d’obtenir ces aides. Cependant, si le budget octroyé est important, il ne fait pas tout.
Conclusion
Présentement, accueillir des enfants en situation de handicap en crèche est une mission complexe : les deux principales difficultés auxquelles nous sommes confrontés sont le manque de moyen financier et la pénurie de personnel. Cependant, les professionnels de la petite enfance ont à cœur d’accueillir ces enfants, de les accompagner et de favoriser l’accueil des enfants dits différents, atypiques, en situation de handicap ou à besoin particulier au sein de nos structures. Accueillir les enfants dit aux besoins particuliers, différents ou en situation de handicap, c'est accueillir des enfants qui ont les mêmes besoins fondamentaux que tous les autres. Tous différents et tous pareils à la fois. Chaque enfant est unique et chaque enfant est un être en devenir : il nous est échu la tâche délicate de tous les accompagner avec leurs forces et leurs défis. Inclure l’enfant différent dans nos crèches et sensibiliser le jeune enfant sur le handicap faciliteront la construction d’une société bienveillante, tolérante et inclusive. Chacun, à son niveau, se doit de veiller et de travailler à ce changement : l’inclusion implique une volonté collective d’y contribuer. Nous devons apprendre par les autres et avec les autres : osons l’inclusion, osons vivre ensemble.
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