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L'actualité des professionnels en crèche

Le bébé hypersensible en structure d'accueil petite enfance

03 Nov 2022

Image de l'article Le bébé hypersensible en structure d'accueil petite enfance Éducatrice de jeunes enfants libérale et formatrice, Mélina Claquin-Le Guillou nous partage son expérience à travers cet article sur l’hypersensibilité des enfants en crèches.

Le Bébé aux Besoins Intenses :

1- A la crèche, vous accueillez un bébé qui ne cesse de pleurer. Il a besoin de contact physique répété. Il ne peut être posé. Vous avez écarté toutes les causes possibles et pourtant, vous ne trouvez pas de réponse. Au moindre bruit, il réagit, sursaute. A la moindre lumière, il est ébloui. Au moment du change, il gigote dans tous les sens. Il ne supporte pas le contact d’une couche sale ou le coton mouillé sur sa peau. C’est un bébé qui demande énormément d’attention. L’équipe est parfois désarmée, démunie par l’intensité de ses besoins.

2- Vous accueillez une maman, un papa, épuisés, dépassés, désemparés car ils ne savent plus comment faire. Ils se posent 10 000 questions malgré toute l’attention qu’ils portent à leur bébé, rien ne l’apaise. Ils et ne comprennent pas ce qui se passe ou ce qu’ils font de mal.

Nous parlons probablement d’un nourrisson hypersensible ou autrement dit avec une sensibilité élevée. Chaque enfant naît sensible mais cela est beaucoup plus prononcé pour certains d’entre eux. Nous les appelons également les Bébés Aux Besoins Intenses (BABI) qui deviendront des EABI, des Enfants Aux Besoins Intenses.

De quoi s’agit-il ?

La sensibilité élevée, c’est avoir à la fois une hyperstimulation au niveau sensoriel (bruit lumière, odeur, goût, touchez…) et émotionnel, avec un ressenti fort de ses émotions autant que celle des autres. Cela va amener le bébé à tout ressentir d’où l’émergence des besoins intenses. Cela va encore plus s’intensifier avec les bruits et les interactions inhérents à la crèche.

Un tempérament hautement sensible concernerait 31 % de la population. Saverio Tomasella, docteur en psychologie, exprime le fait « qu’une personne très sensible où particulièrement sensible, vit sans filtre, c'est à dire que toutes les informations arrivent à tous les niveaux de sa sensibilité : sensation, émotions, sentiments, intuition, et cela fait beaucoup d'informations à la fois. Rapidement cette personne est trop stimulée : au bout d'un moment elle va connaître une saturation. » C’est également le cas pour les enfants.

Comment accompagner ces enfants hypersensibles en structures d’accueil petite enfance ?

Le porter va être un être un moyen indispensable pour que l’enfant remplisse son réservoir affectif. Le laisser pleurer va creuser le sentiment d’insécurité. Dans tous les cas, il le fera savoir. Plus les professionnels le porteront, plus l’enfant pourra mieux se détacher mais cela prend du temps. Parfois, certains enfants ne peuvent être posés avant l’âge de 6-7 mois et une des solutions va être le portage physiologique en écharpe. De par mon expérience professionnelle, j’avais introduit le portage dans une halte-garderie est cela avait fait des miracles. En effet, l’enfant est tellement bien contenu que cela lui apporte un sentiment de sécurité affective. Il est intéressant, presque vitale de pourvoir le proposer aux familles.

Au quotidien, cela demande de la part des professionnels de grandes ressources en plus de l’accueil de tous les autres enfants d’où l’importance de se relayer. Ils auront l’impression que rien n’apaise le bébé. Pourtant, le porter répond à son besoin de proximité.

Les professionnels pourront légitimement penser que l’enfant serait mieux avec ses parents mais ce n’est pas une solution. Il faut savoir que les parents auront indéniablement besoin de repos. Les professionnels seront des ressources inestimables pour la famille et ils auront un rôle important dans la vie de cette famille : les relayer, les rassurer.

La sensibilité élevée : un trésor à sublimer.

Les premiers temps peuvent être compliqués et, même après, sachez que ce sont des enfants particulièrement curieux, incroyablement connectés au monde. Leur sensibilité demande à être comprise, reconnue. Lorsque les mots sont posés, le sentiment de culpabilité apaise les parents. Leurs regards et celui des professionnels changent au profit d’un accompagnement singulier, tout comme, on le ferait pour n’importe quel enfant.

Une sensibilité mal perçue peut entraver la confiance et l’estime qui l’enfant aura de lui-même. Lui demander de camoufler, cacher ce tempérament, l’amènera, peut-être, à se créer un faux-self. C’est un masque social qui empêche l’enfant d’être lui-même. Sa sensibilité pourrait devenir un fardeau à l’âge adulte.

A l’inverse, une personne hautement sensible s’épanouira d’autant plus lorsqu’elle évoluera dans un environnement qui accueille, écoute, respecte, soutien sa sensibilité. Une personne qui écoute ses ressentis, fait confiance à ce qu’elle ressent et cela lui permettra d’adapter plus facilement son environnement. Ce trait de caractère devient alors un atout, un trésor à sublimer.

Mélina CLAQUIN-LE GUILLOU
Educatrice de jeunes enfants libérale
Spécialisée dans l’accompagnement
de la sensibilité élevée et du haut potentiel intellectuel

Instagram et facebook :
@eje.atypik

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