Favoriser la construction identitaire chez les tout-petits

Professionnelle de la petite enfance et conseillère pédagogique, Nolwenn Kebe partage son expérience sur le développement identitaire de l'enfant. Vous pouvez découvrir ses conseils sur son Instagram et sur son TikTok

« L'enfant est un être en construction, qui ne peut pas se développer correctement sans l'éducation des adultes » Françoise Dolto

Introduction :

La construction identitaire démarre avant même la naissance avec la mémoire transgénérationnelle et la vision des parents sur l’enfant. Cela apparaît alors comme un des prémices à la formation de l’identité chez le jeune enfant. Cependant, l’identité personnelle, la notion du soi est propre à chacun : son lieu de vie, sa religion, son éducation, son histoire, son origine… Tous différents et tous pareils à la fois. Tout comme la continuité éducative et la continuité des soins, la continuité identitaire est une mission importante de notre travail en structure petite enfance. Nous accompagnons le jeune enfant en prenant en compte l’histoire de celui-ci dans sa globalité.

En tant que professionnel(les) de la petite enfance, il est primordial d’avoir conscience de l’importance de verbaliser les actions, transmettre les informations et qu’aider le jeune enfant à savoir d’où il vient, qui il est et ce qu’il veut/aime lui permettra d’avoir les cartes en mains pour être épanoui en tant qu’adulte de demain.

1. Continuité identitaire : Comprendre ses racines.

 

Accompagner l'enfant dans sa construction identitaire en structure petite enfance commence dès la familiarisation et la première rencontre avec le/les parent(s). Lors de cet échange, le(la) professionnel(le) pose des questions aux parents sur la vie personnelle de l’enfant : sa date de naissance, des questions sur les soins, des questions sur son quotidien et également des questions sur son caractère, ce qu’il aime ou non : son identité… l’accompagnement professionnel est alors individualisé en fonction de cette première rencontre et réajusté au fur et à mesure du temps en fonction de l’évolution et des besoins individuels de l’enfant. Pour que l’enfant se sente inclus à la crèche, le (la) professionnel(le) met alors des stratégies en place qui l’aideront à conforter et à construire son identité personnelle en collectivité : son doudou à disposition, les photos de sa famille, son régime alimentaire, sa langue... Il sera proposé également des ateliers d’ouverture sur le monde, sur la différence afin que l’enfant ouvre son esprit sur lui-même, son histoire et sur les autres tout simplement.

2. Continuité identitaire : Développer sa personnalité.

 

Les bases solides des racines étant posées : « d’où je viens ? », le jeune enfant aura appris à reconnaître son double dans un miroir. Ce mécanisme le renvoie, en tant que sujet distinct, à son image de soi par un procédé d’objectivation et d’appropriation.

• L’objectivation est le fait que l’enfant appréhende son environnement extérieur.

• L’appropriation consiste, pour l’enfant, à mettre en lien son apparence physique avec les expériences internes qu’il ressent. A cette période, l’enfant commence également à utiliser le « je », qui est l’émergence du premier sentiment d’individualité pour l’enfant.

Dès le plus jeune âge, le tout-petit se forge alors ses propres opinions et ses propres convictions : affirmer sa personnalité et le laisser affirmer sa personnalité est important, car cela lui permet d’avoir la conscience de soi et de connaître son opinion sur les choses. Ainsi, le (la)professionnel(le) a une responsabilité dans la construction de son identité à la crèche et va lui permettre pendant ces temps d’accueil en collectivité d’affirmer son caractère. Sa personnalité, ses goûts, ses envies et ses besoins : de développer sa personnalité.

3. Continuité identitaire : Inculquer le consentement.

 

Poser des limites et des règles dans les structures petite enfance est un acte éducatif nécessaire au développement du jeune enfant. Ce cadre rassure l’enfant et il est le même pour tous. Cependant, il est important de prendre en compte les envies des enfants : au-delà du cadre et des règles posés au préalable en équipe, aucun enfant ne devrait être forcé à faire quelque chose qu’il n’a pas envie. Les tout-petits n’ont souvent pas les mots pour exprimer leur émotion, leur sentiment ou leur malaise et peuvent se sentir mal de ne pas acquiescer à la demande du professionnel. Le jeune enfant se retrouve alors à vouloir faire plaisir à l’adulte. Forcer l’enfant à manger ce qu’il ne veut pas, à faire une activité qu’il ne veut pas : c'est montrer aux enfants que nous ne le respectons pas en tant que personne et que nous ne respectons pas ses envies. Apprendre à l'enfant à s’affirmer et à dire non, lui permettra non seulement de développer sa personnalité mais également de mettre des limites avec ses pairs. Lorsque l’adulte explique et permet de dire « non » le professionnel renforce le message en devenant l’exemple, le modèle à suivre.

4. Le rôle du professionnel : Accompagner et soutenir le jeune enfant.

 

Laissons aux jeunes enfants le temps et l’espace dont ils ont besoin pour développer leur propre personnalité. Notre rôle de professionnel est d’accompagner et de guider le jeune enfant vers la liberté d’être lui-même dans l’écoute active, la compassion, le respect, l’intégrité, la tolérance, et tout ça sans pouvoir et sans emprise. A travers les ateliers d’éveil et de soins, le professionnel doit faire sentir à l’enfant qu'il est libre d’exprimer ses opinions et que ses envies, ses besoins individuels sont entendus et respectés. Chaque enfant évolue à son rythme : l’important est d’encourager et de valoriser le jeune enfant. Le professionnel accueille les mots et les émotions du jeune enfant afin que celui-ci puisse développer ensuite son propre système de pensées. Les professionnels éduquent et invitent les enfants à suivre le cadre éducatif. Quel professionnel n’a pas dit aux jeunes enfants qui refusent de dormir « de faire moins / pas de bruit, car c’est un temps calme ». Au quotidien, expliquer et réexpliquer le fondement des règles ou des comportements appropriés est nécessaire : les enfants apprennent qu’ils doivent respecter les règles de la crèche (tout comme l’adulte apprend à respecter les règles de vie en société). Le (la) professionnel(le) laisse ainsi à l’enfant le libre choix. Cependant, et en cas de désaccord de la part du jeune enfant à participer à une activité indispensable, le (la) professionnel(le) verbalise, explique et peut s’adapter afin que le jeune enfant acquiesce à accepter des actions de soin ou éducative pour lesquels il n’était pas forcément d’accord à la base.

Conclusion :

En accompagnant le jeune enfant dans la compréhension de son identité globale, le jeune enfant sera alors plus sécure et cela lui permettra ainsi de renforcer son estime de lui et d’avoir des relations sociales plus stables, plus saines et plus apaisées. En effet, l’enfant est une personne à part entière et nous savons aujourd’hui qu’il y a un lien étroit entre le développement de la personnalité et la confiance en soi. Les enfants ont besoin d’avoir beaucoup confiance en eux pour développer une personnalité solide. Croire en soi permet de défendre son point de vue. Celui qui sait ce qu’il veut sait aussi quel comportement est adapté ou indiqué selon la situation. Cela veut dire aussi qu’il est capable d’affronter les problèmes qui se posent à lui. En se connaissant, l’enfant arrive alors à relever les défis que lui lance la vie ! C’est en étant accompagné d’un adulte bienveillant, à l’écoute, disponible et compréhensif que le jeune enfant arrivera à développer sa personnalité à son plein potentiel. Cependant, le développement de la personnalité est un processus sans fin. Notre personnalité se forge et évolue tout au long de la vie, au fil des expériences que nous faisons. Pour être heureux, il faut bien se connaitre : savoir d’où on vient et qui l’on est pour une vie plus épanouie ! Donnons-leur les clés dès leur plus jeune âge pour y arriver.

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