Droit opposable à la garde d’enfants : une idée ambitieuse face à une réalité complexe
Le 21 juillet 2025, lors d’une conférence de presse consacrée à la présentation de la nouvelle feuille de route économique et sociale du parti Renaissance dirigé par Gabriel Attal, il a été a proposé la création d’un droit opposable à la garde d’enfants. L’objectif : garantir à chaque parent une solution d’accueil pour les jeunes enfants, notamment via le modèle des crèches familiales.
La garde du jeune enfant constitue aujourd’hui une préoccupation majeure pour de nombreux foyers. Le manque de solutions peut entraîner des répercussions concrètes sur la vie quotidienne, comme le report d’un retour à l’emploi, en particulier pour les mères.
L’idée d’un droit opposable consisterait à rendre obligatoire la proposition d’une solution de garde, en s’appuyant sur les communes ou, à défaut, sur les caisses d’allocations familiales (CAF). En cas de carence locale, la CAF pourrait intervenir directement, avec des sanctions financières pour les collectivités n’ayant pas rempli leurs obligations.
Un besoin de places d’accueil clairement identifié
Actuellement, environ 200.000 places en crèche font défaut pour répondre à la demande nationale. Selon les données 2022 de l’Observatoire national de la petite enfance, seuls 50 % des enfants de moins de 3 ans bénéficiaient d’un mode d’accueil financé par la Sécurité sociale.
Le taux de couverture reste limité, avec 60,3 places disponibles pour 100 enfants, dont une grande partie chez les assistantes maternelles. Les établissements d’accueil du jeune enfant (crèches, multi-accueils…) représentaient seulement 23,3 places pour 100 enfants.
Le principal obstacle : la pénurie de professionnels
Au-delà des places physiques, le manque de personnel qualifié dans le secteur de la petite enfance constitue un frein important. En 2024, 15.000 places de crèches sont restées fermées faute de professionnels formés, selon un rapport de la Fédération française des entreprises de crèche (FFEC).
Des acteurs de terrain soulignent également que 13.000 professionnels manquent déjà à l’appel, et que près de la moitié des assistantes maternelles pourraient partir à la retraite d’ici 2027. Dans ce contexte, créer de nouvelles places ne suffira pas sans un renforcement significatif des ressources humaines.
Une annonce qui déplait dans le secteur de la petite enfance
L’idée d’un droit opposable avait déjà été évoquée dans le cadre de réflexions précédentes sur la petite enfance. Elle n’avait toutefois pas été retenue, jugée difficile à appliquer en l’état des moyens disponibles.
Elisabeth Laithier, Présidente Comité Filière Petite Enfance, a notamment réagi à cette annonce dans un post Linkedin ou elle rappelle que depuis le 1er janvier 2025 le Service public de la petite enfance (SPPE) est en place. Ce dispositif confie aux communes la responsabilité d’organiser l’accueil du jeune enfant sur leur territoire autour de quatre missions principales. Elle n’hésite pas à affirmer son point de vue autour de cette proposition : « Il n’y a rien de pire en politique qu’une annonce qui n’est pas suivie d’effets . ».
Le Syndicat National des Professionnels de crèches, lui exprime sans détour son mécontentement : « La petite enfance n’est pas un levier économique, c’est un bien commun. », et revendique « un droit opposable pour des moyens humains et financiers ».
Sources : SNPPE , Elisabeth Laithier , Renaissance
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