Le Rapport Tanzilli au cœur des débats dans le secteur de la petite enfance
Le rapport de Sarah Tanzilli mettant en lumière un secteur en crise, a été adopté ce lundi 27 mai par les membres de la commission d’enquête parlementaire. Ce dernier, bien que salué pour ses constats, propose des mesures qui inquiètent et divisent les professionnels du secteur.
Le SNPPE : « Un avenir digne des enfants et des professionnels »
Le SNPPE dénonce fortement la dérégulation continue du secteur de la petite enfance. L'organisation accuse le secteur privé lucratif d'« exacerbé les problèmes systémiques en augmentant le nombre d’enfants pris en charge avec moins de professionnel·les qualifié·es ». De plus, il reproche des objectifs « irréalistes », en souhaitant atteindre un encadrement de 1 professionnel pour 4 enfants, d’ici 2030.
Le syndicat critique également la proposition d'une carte professionnelle, la jugeant « inutile et potentiellement nuisible ». Il insiste sur la nécessité de réorganiser la VAE pour garantir une formation de qualité et que les compétences du candidat soient vérifiées.
Le SNPPE revendique une nouvelle fois des augmentations de salaires significatives pour les professionnels, une amélioration des conditions de travail, d’allouer des ressources nécessaires pour un encadrement de 1 pour 4 souhaité par le rapport, de renforcer les programmes de formation, ainsi que de réviser les systèmes PSU et CMG/PAJE.
La FNEJE : « prise de conscience sur les modalités de la mise en œuvre de la qualité d’accueil »
La FNEJE conteste l’affirmation selon laquelle les défaillances ne sont pas dues à l’ouverture au secteur privé, prétendant que la financiarisation a contribué à la dégradation des conditions d’accueil.
Elle soutient les propositions d’un meilleur taux d’encadrement et la suppression de la facturation à l'heure, mais insiste sur la nécessité d’un plan de formation ambitieux et d’une revalorisation salariale. L'organisation reste elle aussi sceptique quant à la carte professionnelle, craignant des abus potentiels et appelant à une concertation avec les associations professionnelles.
La FNEJE approuve la simplification des règles de financement avec une Prestation de Service Unique (PSU) généralisée et forfaitisée mais insiste sur l'importance de ne pas impacter les familles financièrement. La fédération soutien également la nécessité de mettre fin à la réglementation différenciée pour les micro-crèches, qui a conduit à une baisse de la qualité d'accueil et constitue un mode d’accueil coûteux pour les familles.
La FFEC : « un nouvel impôt pour moins de places de crèches »
La FFEC, représentant des entreprises de crèches privées, défend l’idée que les problèmes du secteur sont systémiques et non liés à la présence du privé.
L'organisation soutient la proposition de contrôler toutes les crèches de manière équitable et la création d'une carte professionnelle pour assurer les compétences et l’honorabilité des professionnels. Mais, elle rappelle que chaque réduction du taux d'encadrement nécessite la formation de 25 000 professionnels supplémentaires, ce qui pourrait entraîner la fermeture temporaire de 70 000 places de crèches.
La FFEC critique vivement l’introduction d’un nouvel impôt sur les salaires pour financer le secteur de la petite enfance, estimant qu'elle mènerait à la disparition de 150 000 places de crèches privées, mettant en danger les crèches associatives et privant 500 000 enfants d'une solution d'accueil.
Pas de bébé à la consigne : « la petite enfance est dans l’urgence »
Le collectif a également réagi dans un communiqué de presse paru le 3 juin 2024. Bien au fait de la réalité préoccupante d’une dégradation continue de la qualité d’accueil dans les crèches, "Pas de bébés à la consigne" propose des mesures concrètes, et demande la publication d’un décret dès septembre 2024 pour appliquer ces dernières :
- Renforcement des ratios : Passer à un ratio de 1 professionnel pour 5 enfants dès 2027 et 1 pour 4 en 2030.
- Généralisation de la PSU (Prestation de Service Unique) : Abandonner la PAJE au profit d'une tarification forfaitaire pour mettre fin à la "course au remplissage".
- Harmonisation des régimes : Aligner le régime des micro-crèches sur celui des crèches traditionnelles.
- Revalorisation salariale : Aller au-delà des 100-150 euros mensuels actuels.
- Suppression du CIFAM : Mettre fin au crédit impôt famille permettant aux entreprises privées lucratives de réaliser des bénéfices avec l'argent public.
Elle préconise également un calendrier précis et des moyens nécessaires pour :
- Atteindre 60% de professionnels hautement qualifiés dans les structures.
- Mettre en place un plan d’urgence pour la formation initiale et continue, visant à former 13 000 à 15 000 professionnels par an pendant les 5 prochaines années.
- Réévaluer les salaires avec une indexation sur le coût de la vie.
L’association réclame :
« […] les mesures visant à éviter l'effondrement total du secteur, déjà bien entamé. Et surtout : amorcer le regain d’attractivité des métiers de la petite enfance, pour garantir la qualité d’accueil et stopper enfin les souffrances et la pénurie dans les crèches et dans l’accueil individuel. »
Malgré les oppositions, tous s'accordent sur la nécessité d'améliorer la qualité de l'accueil des jeunes enfants et soutiennent l'amélioration des taux d'encadrement.
Sources :
Communiqué de presse Pas de bébés à la consigne
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