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Caméras en crèche, la proposition qui inquiète les équipes de la petite enfance

04 Nov 2025

Dans son nouvel ouvrage Résistons !, publié à l’automne 2025, Ségolène Royal propose d’installer des caméras dans les crèches et les écoles.
Cette idée, selon l’ancienne ministre, vise à prévenir les violences faites aux enfants et à renforcer la transparence dans les lieux d’accueil.

Dans un entretien relayé par Paris Match, elle explique que ce dispositif permettrait de mieux « protéger les plus jeunes » et de « lever toute suspicion » en cas d’incident. L’objectif affiché est d’apaiser les inquiétudes des familles en garantissant une traçabilité des faits pouvant survenir dans les établissements.

La proposition a suscité de nombreuses réactions parmi les acteurs du secteur, qui y voient une mesure déconnectée du quotidien des crèches.
Le Syndicat National des Professionnels de la Petite Enfance (SNPPE) a publié, le 28 octobre 2025, un communiqué officiel intitulé « Caméras dans les crèches : encore une fois, le SNPPE doit réagir à des propos hors-sol ».

Le syndicat y exprime sa stupéfaction et souligne que les crèches ne sont « pas des lieux de suspicion, mais des espaces d’éveil, de confiance et de coéducation ».
Selon le SNPPE, l’installation de caméras porterait atteinte à la vie privée des enfants et des professionnels, en contradiction avec plusieurs textes de référence, notamment la Convention internationale des droits de l’enfant et la Charte nationale de l’accueil du jeune enfant.

Le communiqué rappelle que la qualité de l’accueil repose avant tout sur la formation, la stabilité et la reconnaissance des équipes, et non sur des dispositifs de surveillance.
Le syndicat plaide pour une politique de soutien aux professionnels et pour des moyens humains renforcés :

« Apprenons le vivre-ensemble dès la crèche : donnons les moyens aux pros, pas aux caméras. »

Plusieurs médias ont relayé le mécontentement suscité par cette proposition.
Dans un article du 30 octobre 2025, 20 Minutes rapporte que de nombreux acteurs de la petite enfance jugent l’idée « totalement ridicule ».
Des professionnels interrogés y estiment qu’une telle mesure instaurerait un climat de méfiance au sein des équipes et vis-à-vis des familles, tout en détournant le débat des vrais besoins du secteur : le manque de personnel, la charge de travail et la nécessité d’une meilleure reconnaissance du métier.

Le débat sur la sécurité et la confiance reste donc au cœur des discussions.
Si certains estiment que la vidéosurveillance pourrait rassurer les parents, la majorité des réactions mettent en avant la dimension humaine du travail en crèche, fondée sur la relation de confiance, la formation continue et l’accompagnement des équipes.

La proposition de Ségolène Royal relance un débat récurrent : comment concilier protection des enfants et respect de leur intimité ?
Les acteurs de la petite enfance rappellent que la sécurité ne se réduit pas à la surveillance, mais repose sur des conditions de travail favorables, des équipes stables et un véritable accompagnement professionnel.

Au-delà des divergences de points de vue, cette controverse met en lumière les tensions persistantes entre logique de contrôle et confiance éducative dans les lieux d’accueil du jeune enfant.

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