Pourquoi et comment créer un vrai service public de la petite enfance ?
Les raisons pour lesquelles il est aujourd’hui primordiale de créer un service public de la petite enfance est que selon une citation du CESE, le Conseil Économique Social Environnementale « la politique d’accueil du jeune enfant est loin de satisfaire les exigences d’égalité, d’accessibilité, de continuité sur le territoire et d’adaptation aux besoins que l’on est en droit d’attendre d’un service public ». En effet, depuis plusieurs années maintenant, le secteur de la petite enfance souffre de pénurie sur plusieurs plans.
Tout d’abord, il est difficile pour les crèches, qu'elles soient publiques, associatives ou même privées d’ouvrir de plus en plus de places pour accueillir des enfants lorsqu’elles manquent de personnel. Aujourd’hui en termes de normes d’accueil, il est question d’un adulte pour 5 enfants qui ne marchent pas et un adulte pour 8 enfants qui marchent. Or par manque de personnel ces normes ne peuvent pas toujours être respectées.
Cette question de pénurie du personnel s’explique de plusieurs façons, les places en formations petites enfances sont aujourd’hui limitées dans les écoles, donc le nombre d’étudiants diplômés n’est pas suffisant pour répondre à la demande en matière de recrutement. Les emplois dans les domaines de la petite enfance sont souvent dévalorisés par notre société, que cela soit en termes d’image, c’est-à-dire que les gens pensent qu’il est facile de s’occuper d’enfants et que cela ne nécessite pas de faire des études, qu’un(e) auxiliaire de puériculture ou bien un(e) éducateur (trice) de jeunes enfants passe son temps à s’amuser avec des enfants, à les changer et les nourrir. Pour finir, en termes de rémunération, le personnel pédagogique n’est pas rémunéré à sa juste valeur, selon les professionnels de la petite enfance.
Selon le personnel pédagogique, que cela soit en termes d’image ou bien d’estime du métier ou encore selon la rémunération, il faut revaloriser un métier qui est vitale dans le développement d’un être humain. En effet, notre société doit prendre en compte que le personnel pédagogique est une personne importante dans le développement des êtres humains de demain. Un enfant dans une crèche n’est pas seulement changé et nourri, il doit se développer et se construire en tant qu’individu, et que si le personnel n’est pas assez disponible, parce qu’il est surmené ou bien pas suffisamment formé, le risque d’accidents ou bien de mauvais développement peut se produire. La réponse face à ces pénuries, mais aussi afin de résoudre les inégalités serait donc de créer un service public de la petite enfance.
Le CESE a rédigé 15 préconisations qui selon eux « permettront de poser les jalons d'un service public et un droit universel et inconditionnel. » Cela consisterait alors à agir sur l’offre d’accueil pour mieux répondre à la demande en soutenant le développement des structures d'accueil quelles qu'elles soient. Dans un premier temps, selon la préconisation 3 il est question de la valorisation des métiers à travers la revalorisation salariale, le renforcement des contenus de la formation professionnelle, l’évolution des carrières, la valorisation des compétences et une plus grande mixité. Dans un second temps, la préconisation 2 recommande d’attribuer la compétence de l’accueil des jeunes enfants aux communes et inter-communes, pour plus d’égalité territoriale.
Il serait également important de renforcer les Relais petite enfance, anciennement Relais d’assistantes maternels, ces lieux d’information et d’accompagnement, généralement gérés par les municipalités, ont pour mission d'informer et d'accompagner les parents dans leurs démarches et de proposer des ateliers d'éveil collectifs (motricité, musique...) auxquels les assistantes maternelles et auxiliaires parentaux peuvent participer avec les enfants dont ils ont la charge. Les développer permettrait de favoriser la socialisation des tout-petits, de sortir les professionnels de l'isolement et de mieux répondre au besoin de flexibilité horaire des parents.
La création de ce service public de la petite enfance est donc fortement attendue par les professionnels et les familles. Depuis la publication en Mars 2022 du rapport du CESE, le gouvernement n’as pas donner de réponse.
Sources :
Hélène Périvier, CESE, CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL, Challenges, Syndicat CFTC
1552 vues totales, 2 aujourd'hui